samedi 24 octobre 2009

Les ballons.

Toujours le même plan, cette image inaltérable
de moi bien droite derrière le comptoir, mes cheveux retenus à l'arrière par deux petites pinces métalliques.

Il y a de la pluie et des larmes dans mes cheveux.

Je fais des sourires à chacun des client qui passe.
Je n'en épargne aucun, quel qu'il soit.
Je charme.
Je tourne sur moi même en battant des cils.
Je suis un peu conne, mais ça vous le savez déjà.

Je suis naïve.
Tragiquement naïve,
comme une drag queen qui penses que le maquillage cacheras les cicatrices et les poils sur son visage.

Une mère se pointes devant le comptoir.
Des tonnes de trucs.
Sa petite fille dans le panier, assise dans se monstre de fer comme dans une chaise haute.

Je voudrais partir en courant et aller faire autre chose.
Genre aller me matter dans le mirroir tout crotté de la salle de bain. Essayer de voir ce qu'ils voient.
J'ai bien dis "essayer".

La petite fille, qui est blonde et deviendras probablement une avocate ou une actrice célèbre ou bien encore une strip-teaseuse au grand coeur pointes les ballons accrochés au murs.
Elle pointes Dora, Hannah, monsieur sourire.
Tous ces symbols de l'enfance.

Et soudainement l'envie térrible de me mettre à pleurer.

J'ai oubliée ce que c'était d'être là, à pointer les jolies ballons de doigt et ne pas vouloir autre chose que ça.

J'ai oubliée ce que c'est d'être simplement heureuse.
De ne pas être captive de cette salope aux grandes dents de séduction.

Je voudrais avoir cinq ans.
Je voudrais avoir du sang et de la boue sur mes genoux.
Des trous dans mes vêtements.
Le coeur libre.

J'ai oubliée ce que c'était, ça.
J'imagine que ça me passeras.

Pendant ce temps je vais aller me brosser les cheveux méticuleusement et essayer de me trouver un point noir sur le bout du nez.

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