dimanche 24 janvier 2010

Jos Dion en talons.

Je suis assise
à une table chez Jos Dion
depuis une heure
environ.
Nous sommes deux à être
toute seule.
Moi, et une
vieille dame qui essaie
de s'extraire de son manteau
depuis au moins vingt minutes
tout en reniflant sa
bière de
façon suspecte.

Tout autour
ça se saoule la gueule,
ça joue aux machines,
ça parle philo ou
ça raconte des jokes
de cul.

Je me donne un mal fou
à avoir l'air de
faire quelque chose.
Je m'inspecte les
cuticules avec soin
tout en sirotant
ma bière
blonde d'un air presque
élégant.

J'ai probablement l'air
d'une pute qui attends
son client ou
d'une amoureuse
en lambeaux qui s'est fait
poser un lapin.

Je suis conne
et grandiose
à la fois.

Jambes croisées dans
mon écrin de
solitude
j'attends d'être sauvé
par quelque chose
de plus grand
que moi.

Je pense à
l'époque où je pensais
être atteinte de toutes
les maladies possibles
sur terre.

Jusqu'à maintenant,
j'ai eu une tumeur au cerveau,
le cancer du sang et je suis
presque devenue aveugle.

Il y a aussi des chances
pour que j'ai
été atteinte
de la lèpre et de
vagina dentata.

Dans le juke box
il y a Britney qui dit
à un homme
non identifié de
lui en donner
plus.

Remarque à moi-même:
Hollywood dévore les
jeunes filles morceau
par morceau.
Elle ne laisse
que les
sourires.

Tout en avalant
ma dernière gorgée
je rêve du jour
ou Hollywwod m'avaleras
pour ne rien laisser
du tout.

mercredi 20 janvier 2010

Trajet de bus numéro 6574.

Tout à l'heure
alors que j'étais dans le bus
une dame d'environ soixante-ans
s'est mise à parler
toute seule.

Ses petites mains
gantées
virevoltaient
dans l'air froid du bus.

Parfois elle prenait
un air appeuré pour ensuite
migrer vers
une moue triste et
désincarnée.

Je me suis mise à imaginer
la personne avec qui
elle discutait.
Une de ses dame joufflue
vêtue d'une robe soleil
à fleurs, le genre qui toute
la journée reste
assise sur une petite chaise
sur son perron,
à attendre que quelque chose
arrive enfin.

Puis je me suis mise
à avoir peur,
parce que peut-être
qu'il y avait vraiment
quelqu'un avec elle,
alors que le bus
était tout silence.

mardi 12 janvier 2010

Ophélie.

Dévorée par sa robe de chambre
elle avance,
un pied dans le lit
le regard dur de l'amant
sur elle, violence ténue sous
les draps

prête à se noyer
dans le mythe

du

Mariage.

lundi 11 janvier 2010

De ces choses qui arrivent dans ma cuisine, parfois.

Je ne sais pas faire la différence entre un fragment de lumière par terre et un pop-corn.

Voilà.

C'est dit.

samedi 9 janvier 2010

Au garçon assis sur le banc, là-bas.

Il aime un garçon
qui a le sang malade.

Quand il se branle
il pleure toujours un peu, après.

Sa mère sait vraiment comment
agençer un sac à main à une paire de chaussures.

Mais tout ça
personne ne le sauras jamais.

jeudi 7 janvier 2010

Dream, dream, dream.

Hollywood dévores
les jeunes filles
morceau par morceau.

Elle ne laisse
que les

sourires.

samedi 2 janvier 2010

La fin du monde.

Il y a quelques temps, j'ai fais le rêve de la fin du monde mais ça n'avait rien à voir avec la fin du monde naturelle que nous attendons, ça n'avait rien à voir avec une catastrophe biologique, rien à voir avec la terre qui se fends en deux comme un fruit trop mûr puis tombe en morceaux.


...


Des bruits de pulvérisations.
Sentir que ça approche, que ça approche
vraiment, la fin, la fin de tout,
la fin de moi.

Je cherche ma maman, je cherche le désir de la serrer très fort
contre moi, je cherche l'absolution, le pardon,
je cherche la main de celui qui pourrait être
mon petit ami, mon petit ami comme dans les films,
quand ils disent "mon petit ami" et que ça creuse
une fissure minuscule
dans ton coeur, puis
les larmes sur
l'oreiller.


...


Dans le ciel il y a d'énormes soucoupes volantes.
Ça pourrait être jolie, ça pourrait me faire penser
à un de ces vieux films de science-fiction rétro mais
ce n'est pas le cas.


...


Nous sommes dans une vieille remise
dans une ville qui n'est pas la mienne.
Je tiens la main de ma mère très fort
dans la mienne, je crois que mon père est
juste à côté, je crois, il me semble, oui,
il me semble qu'il est là, avec son amour et ce nez
qui ressemble au miens, un peu,
un tout petit peu.


...


Les bruits de destructions massives se rapprochent,
je ferme les yeux, j'essaie de ne pas y penser,
je me dis qu'après tout seras fini
puis j'ouvre les yeux.
5h30.


...


Il y a ma main sur la poitrine d'un homme,
Mes yeux sur sa moustache, sa moustache qui me fait penser
à de petites épines noires plantées dans la peau
de sa lèvre supérieure.
Sa main qui glisse sur mon soutient-gorge
à paillettes.

Je me demande ce que je fais là.

La peur de quelque chose de plus grand que nous,
c'est ce qui fait
que nous en soyons là,
j'imagine.


...


Dans ma tête
il y a l'image de ses corps sans noms
qui se jettent en bas du world trade center.
Des petites cravates noires qui tombent
et virevoltent dans le vide.
Ce jour là, quand ils se sont levés,
à quoi ece qu'ils pensaient?
Ece que quelqu'un a déposé un baiser sur leur
joue?


...


Je veux toucher à quelque chose de sacré
mais je n'y arrive pas.
J'écris comme une auteure de mauvais romans
pour ados.
Mes mots sentent le parfum cheap.
Je ne suis pas Virginia Woolf.
Pas aujourd'hui du moins.

L'insoutenable légèreté de l'être.

Apparement je suis à la fois érudite culinaire bien culturée ET valley girl au language aussi léger qu'une brise de printemps sur rodeo drive.

De ces hommes qui passent devant mon comptoir.

Remarques à moi-même, à propos de ces hommes
qui passent devant mon comptoir, à chaque jour,
comme une bobine d'images, de représentations du masculin.

Papa,
époux,
amants,
fiançé,
frère,
ami.


...


Un homme au visage pinçé se présente à mon comptoir
et me murmure un "sulut" presque inaudible.
Les marques sur ses mains, son être en retrait
derrière le filet de sa voix.
Je ne me souviens pas de ce qu'il avait acheté.


...


Un homme dans la cinquantaine avec une casquette
portant l'inscription "trucker by day, trucker by night".
Je me demande s'il vas souvent dans ces casses-croutes
miteux sur le bord des autoroutes.
Ece qu'il a déjà été un petit garçon au crâne rasé,
ece qu'il a déjà eu des cicatrices
sur ses genoux?
Ece qu'il a déjà fait pleurer une fille,
une fille comme moi, peut-être, une fille qui l'aimait trop?


...


En fait, ce qui m'intéresse le plus, ce n'est pas leur vie,
mais plutôt ce que je peut écrire à propos de leur vie.
Comment je peut l'écrire.