vendredi 30 octobre 2009

Où sont les femmes.

Des écolières en ballerines et trench coat Ralph Lauren chantent "où sont les femmes" en rigolants.

Xavier.

Une vieille dame toute menue, le visage ridé de minuscules petits plis, se pointe à mon comptoir avec la coupe de cheveux de Xavier Dolan.

Poème de boîte.

Pacific pride
mandarin orange
broken segments.

4 heures.

Il y a un féminin qui chahute, un féminin qui saigne une lumière en elle mais tout ce qu'il verras c'est le duvet velus sous le fond de teint.

La jeune fille moderne et la cuisine.

Une jeune fille moderne ne dit jamais non
à une assiette de pâtes et de pizza.

Idéalement le tout doit être recouvert d'huile, peut importe laquelle.
De l'huile c'est toujours jolie, et ce même sur
une maison qui brûle.

La jeune fille moderne est définitivement une anarchiste
culinaire.

Gisèle.

Des maisons de poupées
brûlent
dans son Amérique

Les mains sur
le corps du fils

Y penser très fort
que ça
passeras

mercredi 28 octobre 2009

Daisy.

Ta maman pense qu'elle sait
mais elle ne sait pas.

Quand vais être grande, je laisserai tomber
ma peau d'enfance
par terre.

Un jour, je vais être cette fille
qui traverseras un couloir en
slow motion.

Je vais être cette fille,
en bas jaretelle et chemise de garçon,
à chanter du rock de garage,
les cheveux péroxidés,
mes lèvres déguisés en lèvres
de femme adulte.
Dangereuse.

Je ne saurais plus
ce que ça fait d'être une
petite fille.

j'aurais les genoux
déjà trop usés
pour me souvenir.

Parfois
il y auras des élans de vie
désespérés dans mes
battements de cils.

Baby baby baby.

Ce qui me manque
pour sortir de moi enfin,
c'est un bébé.

Quand ma mère était un loup-garou.

Je collectionnais des poupées de porcelaine
à l'effigie de mes amants et je
me maquillais avec des clous.

Exercice numba 5.

Donner naissance à quelque chose.

Sweet sixteen.

Du haut de ses seize-ans, elle aime un garçon qui a le coeur
comme une patinoire.

Quand il la touche, ça fait toujours un peu mal, là,
à la surface de sa peau.

Exercice numba 4.

Être une femme malgré tout.

Surtout à cause de tout.

lundi 26 octobre 2009

Merci, bonne journée.

Un garçon dans la vingtaine.
Il porte un tee-shirt noir sur lequel est écrit ces mots:
"there are two people fucking at the back of this shirt".
Il y a de petits résidus brillants
de nourritures
dans les poils blonds de sa barbe.

Une dame âgée aux lèvres rose fuschia
avec une joue plus molle et plus longue
que l'autre.

Un vieillard.
Il a le regard blanc et délavé de ceux
qui ont beaucoup souffert.

Une femme dans la cinquantaine,
le visage recouvert de mascara.
Les larmes dans la voiture, avant.

Des clients qui ne disent pas "bonjour".

Des femmes très belles, toujours bien coiffés,
probablement mariés à des hommes très riches.
Probablement aussi qu'il y a de long et pénible
moment de solitude à pleurer doucement
dans la salle de bain.

Trois clientes transsexuelles.
Le regard des clients.
Leur beauté multiplié.

Des centaines de jeunes hommes barbus
à l'allure négligé.
Il y a leur emprunte
quelque part dans
le coeur d'une fille.

Une grand-mère aux sourcils rose.

Des airs bêtes, des airs
de coup de poing dans la gueule.

Bruitage.

Petites filles sauvages
fardés de bruits mélancoliques.

Sylvia a la tête dans le four et saigne le poème.

Ma maman elle aussi saigne le poème
quand papa dit non
à ses maux.

Elle éventre
le coeur au rhum de papa
Un couteau derrière
ses bijoux
des poèmes gorgés de
cendres.

samedi 24 octobre 2009

Avoir peur.

L'autre jour alors que je marchais dans la rue un homme d'une cinquantaine d'années m'a dit bonjour.
Parce que je suis une fille gentille je lui ai répondu par un léger signe de tête. Alors que je continuais de marcher il m'a dit que j'étais belle.

Je ne me suis pas retournée.

Plus loin deux gars d'une vingtaine d'années ont commençés à me siffler et à dire des trucs qui à mes oreilles du moins sonnaient comme des obscénités.
Des trucs qui auraient probablement plus leur place dans un magazine porno que sur le bord d'un trottoir.

je ne me suis pas retournée non plus.

J'ai continuée à marcher jusqu'à mon bus.
J'étais à la fois profondément flattée et dégoûtée.

Une fois dans le bus je ne pensais qu'à ça.

Comme si ces paroles triple x s'étaient gravées aux cellules de mon cerveau et ne voulaient plus en sortirent.

Parfois j'ai peur pour ma vie.

Charles.

Charles c'était ce garçon pour qui je craquais à l'époque du secondaire.
C'était la coqueluche de l'école, le mec pour qui toutes les filles en pinçaient et celui à qui voulaient ressembler tous les garçons question que toutes les filles en pinçe pour eux.

C'était un sportif (comme le veut la tradition en ce qui concerne les coqueluches masculines).
Ses cheveux étaient toujours enduits de gel, ce qui les faisaient briller au soleil comme quelque chose de légèrement dangereux.

Quand je le voyais j'avais le goût de mourrir sur le champ ou bien alors de me jeter à son cou et de l'embrasser.
Comme dans les films.
Avec de petits anges dodus valsent au dessus de nous et le tube pop en vogue à ce moment.

En fait tout ce que je faisais quand je le voyais au détour d'un corridor c'était de baisser la tête et de continuer à marcher l'air de rien.

À l'époque je ne portais que d'informes habits de coton-ouaté.
Je n'étais pas vraiment la défintion du mot "sexy" et encore moins du mot "baisable".
J'étais juste là.
J'étais là, et c'était déjà beaucoup.
À me construire et me déconstruire.

j'ai appris il y a quelques mois que Charles était encore en vie (aux dernières nouvelles du moins) et qu'il était encore plus mignon.
Il a une copine, ce qui ne m'étonne pas.

Il travaille dans une boutique d'équipements sportifs.

Probablement qu'il fera un super papa.

Probablement que son mariage sera le plus magique des mariages.
le genre de mariage qu'il y a dans les films.

parfait.

De l'ennui.

Il est 22h18 et je m'ennui pour mourir.

Si j'en avais le temps et le désir je pourrais élever l'ennui au rang d'art.
Mais ce n'est pas le cas.
Je n'en ai ni le temps ni le désir.

Je pourrais très bien m'inscrire à l'université et écrire une thèse révolutionnaire sur l'ennui comme source d'inspiration.

Je porterais un petit bérêt à la Yoko Ono et d'immenses lunettes à montures noire (les immenses lunettes à montures noire ajoute toujours une touche d'intellectualité à la personne qui les portes même si cette personne est une bimbo siliconnée qui ne sait même pas ce qu'est un roman de type harlequin).

Probablement que lors d'une pathétique soirée de recherche à la bibiothèque sur les effets de l'ennui sur la création je rencontrerais ce qu'il serait possible de nommer " l'homme de ma vie", c'est à dire un marginal tout mimi moitié punk moitié poète maudit moitié hipster qui se croît meilleur et plus cool que tout le monde sur cette terre maudite parce qu'il écoute le band indie que personne ne connaît et qui ne s'est pas lavé depuis la première fois qu'il a découvert que sa main droite ne sert pas qu'à écrire des mots cochons aux filles de sa classe ou à répondre aux conneries qui sont écrites sur les murs des toilettes publiques.

Lui et moi nous serions comme une sorte de "Kurt et Courtney", mais en plus soft et abordable, quand même.

Nous mangerions des mets chinois de mauvaises qualités en écoutant du cinéma d'avant-garde tout en pratiquant le cri primal question de garder contact avec notre "moi" profond et libéré des contraintes du monde moderne.

J'imagine que nous passerions de longues heures à faire l'amour au travers des draps en désordes avec comme trame de fond un groupe genre pink floyd ou radiohead. Quelque chose de planant.

Puis comme ça, sur un coup de tête sans doute nous nous séparerions et ce tout en cris et en larmes, préférablement devant un publique honteusement conquis.

Je quitterais l'université avec un goût amer dans la bouche, le même que quand nous nous mordons la langue et sentons le goût métallique du sang dans notre bouche.
Je me mettrais à écrire de l'auto fiction hyper auto-dérisoire sur un site comme livejournal, par exemple.

Je ne porterais que du vernis à ongle noir.

Je trouverais la pluie triste, ainsi que la plupart des comédies qui passeraient à la télévision.

Après ça mon seul et unique intérêt dans la vie serait de rencontrer des hommes avec d'horibles moustaches dans des chambres d'hotels sales et collantes.

En bruit de fond les cris d'une femmes sans nom, une actrice de porno morte à 25 ans d'une overdose de diamants et de célébrité.

À l'âge de 34 ans dans un dernier soupir d'ennui je décidrais de tout quitter et de me recycler en présentatrice télé.
Ou en secrétaire juridique.
Ou en call girl de luxe.

Tout ce que nous pouvons dire sous le coup térrible de l'ennui.

Mon sens grammatical me donne le goût de vomir.

Les ballons.

Toujours le même plan, cette image inaltérable
de moi bien droite derrière le comptoir, mes cheveux retenus à l'arrière par deux petites pinces métalliques.

Il y a de la pluie et des larmes dans mes cheveux.

Je fais des sourires à chacun des client qui passe.
Je n'en épargne aucun, quel qu'il soit.
Je charme.
Je tourne sur moi même en battant des cils.
Je suis un peu conne, mais ça vous le savez déjà.

Je suis naïve.
Tragiquement naïve,
comme une drag queen qui penses que le maquillage cacheras les cicatrices et les poils sur son visage.

Une mère se pointes devant le comptoir.
Des tonnes de trucs.
Sa petite fille dans le panier, assise dans se monstre de fer comme dans une chaise haute.

Je voudrais partir en courant et aller faire autre chose.
Genre aller me matter dans le mirroir tout crotté de la salle de bain. Essayer de voir ce qu'ils voient.
J'ai bien dis "essayer".

La petite fille, qui est blonde et deviendras probablement une avocate ou une actrice célèbre ou bien encore une strip-teaseuse au grand coeur pointes les ballons accrochés au murs.
Elle pointes Dora, Hannah, monsieur sourire.
Tous ces symbols de l'enfance.

Et soudainement l'envie térrible de me mettre à pleurer.

J'ai oubliée ce que c'était d'être là, à pointer les jolies ballons de doigt et ne pas vouloir autre chose que ça.

J'ai oubliée ce que c'est d'être simplement heureuse.
De ne pas être captive de cette salope aux grandes dents de séduction.

Je voudrais avoir cinq ans.
Je voudrais avoir du sang et de la boue sur mes genoux.
Des trous dans mes vêtements.
Le coeur libre.

J'ai oubliée ce que c'était, ça.
J'imagine que ça me passeras.

Pendant ce temps je vais aller me brosser les cheveux méticuleusement et essayer de me trouver un point noir sur le bout du nez.

Rien de l'été dernier.

Ce matin je m'adonne à deux choses.

Être modérément inspirée et pauvre.

Dehors le soleil et des cris d'enfants.

Le bruit de l'eau chlorée de la piscine qui éclabousse le ciment bleue fluo.

Je voudrais écrire une petite histoire bien sordide qui peindrait les choses comme elles sont c'est à dire n'importe comment.

Dernièrement je rêve d'être une de ces femmes aux rondeurs voluptueuses.
Je voudrais une poitrine royale sortant de mon corsage, des hanches monumentales dansants sur la musique de Grace Jones.

Je dois arrêter de faire du name dropping.
C'est tellement 2008.

vendredi 23 octobre 2009

Fenêtre.

Un peu de lumière, pour changer.

lundi 19 octobre 2009

Les lumières sur mon visage.

Cette nuit j'ai fait un rêve.
J'étais dans mon lit, sous les couvertures.
Puis cette ombre moite qui s'avance et laisse
apparaître un homme en bras de chemise.

Je remonte un peu plus les couvertures
et je sens mon coeur qui bat
très fort.

Il monte dans le lit puis s'étend sur moi.

Tout ce que je sentais c'était son poids immense
sur mon corps à moi.
Mais il n'a rien fait.
Rien fait du tout.
Nous avons passé des heures comme ça, son corps à lui écrasant
le mien.

Derrière l'écran de mon rêve il y a des garçons beaux comme des anges en vestes de cuir qui meurent d'un mal inconnu.
Dans les vitrines des boutiques
il y a le reflet d'une fin de monde.

Puis il y a le jour.
Ma bouche est comme une blessure peinturée de rouge.
Un orifice humide perforé de petites dents blanches
comme des perles.

Je traverse le jour
entourée d'un grésillement.
Moustiques.

Les clins d'oeil des clients me traversent la tête comme
des petites balles de plomb.
Mon sang étalé sur le comptoir
comme un joli foulard de soie rouge est la preuve de ma
culpabilité.

Je suis triste mais j'ai espoir de quelque chose
de plus grand que moi.

Quand je serais grande je serais un petit carré bouffant
de cheveux blonds lacérés
d'éclats
de lumière.

dimanche 18 octobre 2009

Silencio.

Des femmes aux images
mordantes
épaules cathédrales
promènent
des chiens bijoux
la chair hérissée
le dedans
à l'air

le ciel goûte
le
bâtard.

La petite putain,
je crois bien que c'est
moi.

J'avance comme une colère
de petite fille
des clous
aux bouts des cils.

Je brouillonne sanglante
un diadème de
graisse de
casse-croûte
sur le
crâne.

Il y a des
millions
de doigts inconnus
qui tracent des lignes
sur ma peau.

Je sais que je suis en train de me perdre.

Ça m'apprendra.

Je lui lèche le visage
en morceaux sur le bord
d'un trottoir.

il croit que
je l'aime.

tous les coups de poing
de mon enfance
scarifiés sur le
corps
Une jolie robe
sanglée
par dessus
mon Hiroshima

je cache l'horreur.

jeudi 15 octobre 2009

Teen angst.

J'ai dix-sept ans.

Aujourd'hui je parle comme un accident de voiture.
Il y a du sang et des bras coupés dans ma voix.
De la tôle qui se froisse.
Dentelle.

Avec mes talons aguilles
j'écrase les fées
qui
dansent par terre.

J'essaie de me trouver
des raisons de vivre.

Dans les jeux de rôles de
quand j'étais
petite
c'était toujours moi
la méchante.

La grosse vache.

Les garçons aux cheveux
gras
trace le contour mauvais
de mon corps
sur des bouts de papier
dans les cours
de français.

Sinon.
J'aime les hommes crasseux.

Moi, en tout cas,
le dessous de mes ongles
n'est jamais vraiment
très
propre.

Papa dit que je suis une traînée
qui sait comment écrire.
Il m'apelle la petite putain.

Et je vends des trucs. Des tonnes de trucs.

Même si vous m'enjuponnez
ça ne sera quand même
pas joli.

De la boue dans mes cheveux
quand grand-mère me
coiffe.

mardi 13 octobre 2009

Dans le four.

Dernièrement j'ai très souvent la tête dans le four
et je dois dire que ce n'est pas très jolie à voir
même si cela s'accorde bien
avec le papier peint.

Dans le four des griffures

il y a

et des restes

moribons de

monsieurs


mamans


Parce que je suis éffrontée je sors
sans petite culotte
un fantôme d'homme

entre les jambes

et une breloque de bébés morts
au poignet.


J'apprends à disparaître
comme une star.


"I'm not in love" passe à la radio
et donne à la journée un goût de
vieilles chaussettes.

Il y a des hommes enrubannés dans
des jeans
de matantes qui danse
tout partout
autour de
mon comptoir.

Pendant ce temps, moi,
j'ai la tête traversée
de buildings en lambeaux
et de sexes bien saignants.

Vue d'en haut New-York me donne le goût de fermer
les yeux

et de pleurer.

lundi 12 octobre 2009

Des faits.

1-Je ne dessine pas toujours
des petits coeurs.

2-Ece que Suzie
était blonde?

3-Les lapins dans la
télévision me font peur.

4-Je ne suis pas
la fille d'à côté.

dimanche 11 octobre 2009

Wonder woman is dead.

Il y a des garçons qui ont

des restes de filles sous les ongles

et des pages de bandes dessinées

dans l'écrin

de leurs

larmes.

Magnum all over my body.

Des hommes carrés qui
aiment les ruelles
me piétinent
Mon toupet
sanglant
pourrait être
celui d'un
Elvis en jupon
j'habite une
rébellion au
crayon feutre

Tartine.

Il y a un purgatoire
au bouts
de mes doigts
vernis de souffre.

J'avale tout rond
Les colliers
de grand-maman
et j'attends de voir
Sur mon torse
aride
une petite
poitrine

apeurée
comme
un oiseau
habillé de
plumes clinquantes.

Ma vie à vivre.

La chaleur collante et humide
qu'il y a partout dans l'air aujourd'hui
est comme l'étreinte d'un amant.

Je bois du café, encore et encore.
Une tasse.
Deux tasses.
Trois tasses.
Le café m'inspire au plus haut point.
C'est une sorte de libérateur d'inspiration.
Un catalyseur.

Je crois savoir mais je ne sais pas.
Ce que j'écris ça fait jolie sur le papier
mais la vérité n'est pas ici.
La vérité n'est pas dans mes mots.

Je prépare ma libération.
C'est un passe temps comme un autre.

Je dois la laisser sortir de là.
Je dois me laisser sortir.

Matante.

J'ai laissé l'odeur de mes cheveux
quelque part.

Je crois que c'était sur l'oreiller
d'un garçon.

L'oreiller d'un homme, pour être plus
précise.

Je patauge
dans le concret des choses.

Après tout je ne suis
plus qu'une fille
maintenant.

Quelque part
il y auras bientôt
le bruit clinquant
de mes talons.

samedi 10 octobre 2009

La nature du désir, ou quelque chose comme ça.

Il y a des millers d'hommes qui veulent me baiser
mais aucun pour me tenir la main.

L'après.

Des trous dans ses jeans

Je commençe à le trouver beau

Sur une benne à ordures "beaver"

en lettres blanches

Je passe ma main sur une blessure

vendredi 9 octobre 2009

Apple pie drama.

L'écho métallique et froid des voix doublées dans les séries américaines.

Dans le pare brise de la voiture le reflet déformé de mes mains.

jeudi 8 octobre 2009

Hello Kitty en promenade.

Ici, nous faisons de l'argent et des sourires.

Nous boxons le coeur
des garçons.
Nous mettons le feu
aux bébés.

Parfois nous voulons très fort
nous faire érafler les joues
par les jeunes loups
aux dents électriques
qui hâbitent notre jardin.

Nous disons sur un ton affecté
à notre amant aux racines
écorché des choses comme
"rase moi...Rase moi la peau".

lundi 5 octobre 2009

La petite sirène.

Je suis assise jambes croisées sur un fauteuil en cuir chez ma tante Jeannine.
Mes cheveux sont très courts et séparés en une raie nette sur le côté.
Sur mes cuisses une petite assiette de carton contenant une part de gâteau au chocolat et à la cerise marasquin.

Derrière mon costume à rayures, une transfiguration.
Le décalque d'une petite fille en robe de soirée.

C'est Noël, il me semble.
Je dois avoir 12 ans.

Plus tôt dans la soirée j'ai reçu comme cadeau une poupée, une petite sirène blonde et potelée dotée d'une queue en plastique brillante.

Le regard exaspéré de mes cousins, alors que j'ouvre le paquet.

Notes éparses pour ce qui seras une histoire, une série télé, un film ou bien ma propre vie.

Ce sera comme un mélange entre Gossip Girl, Twins Peaks
et A Nightmare On Elm Street.

Comme une petite fin du monde glacée.
Une petite fin du monde dans les pages du ELLE.

Une reine de beauté trouvera la mort alors que le soleil glissera dans les eaux souffrantes d'un fleuve.

Un quartier chic, perdu dans le temps.
Ailleurs, pas ici ni même là.

Une traversée de cygnes sur la route.

Des carrés de pelouses tondus à la perfection recouverts de neige.

Un monstre dans les rues après minuit.

Être amoureuse.

Nous allons préparer un gâteau pour lui alors de cette façon il saura que nous l'aimons.

Il saura que nous sommes là, à exister, nous levant chaque matin dans la brume de notre chambre, appliquant toutes ces crèmes sur notre visage, ces pigments étincelants de féminité, le coeur dans les talons.

Nous voulons qu'il nous aime.

Nous voulons exister dans son regard, y être à l'abri.

Nous ne voulons pas être vaines.

Notre amour pour lui sent bon le cuir et le bois brûlé.

Les jambes recouvertes de nylon et les joues baisées de rose nous arpentons les trottoirs souillés de la ville en attendant qu'il se pointe.

Nous attendons de vivre, vivre vraiment.

Survival movie.

Quand j'étais petite je suis morte mais j'ai survécu.

À cette époque ma maman était une terroriste et mon papa tirait sur les jours en buvant du rhum, avachi dans le salon.

Sur mon corps il y avait beaucoup trop de sang mais je savais réciter l'alphabet presque par coeur.

jeudi 1 octobre 2009

L'importance des trous.

Les clients font le strip-tease lancinant de leur marchandise, déposant chaque article minutieusement sur le comptoir, un à la fois.

Des phrases stupides sortent de ma bouche,
des phrases qui ressemblent à des scènes de sitcom,
avec un décor en carton et des applaudisssements pré-enregistrés.

Je suis une chanteuse heavy metal vêtue d'une peinture de Lisa Yuskavage.
Les seins comme des missiles pointant vers le ciel.

Je patauge dans le décor comme une fleur exotique autistique.

Mon amour pour lui est sur la corde à linge.
Mon amour pour lui pue la pisse et le caniveau.